Pour une stupide histoire de tromperie, Jean-Christophe Vitalon tue avec un couteau à pain son ami Anatole Bétancourt, turfiste repenti et désormais factotum dans une résidence seniors. « Jicé » vide alors son congélateur, entrepose le cadavre à l’intérieur de ce coffre bahut, puis embarque quelques affaires dans un sac de sport pour s’installer au sous-sol de son immeuble. Il y dispose en effet d’un local dans lequel il a l’habitude, le week-end, de se livrer à la peinture ; personne n’aura l’idée de le débusquer dans cette tanière. Bien beau d’avoir pensé à emporter des conserves de thon, mais comment s’alimenter sans ouvre-boîte ?
Dans la veine de cet humour belge qu’il apprécie tant, Sylvain Chantal livre ici un récit grinçant, où l’absurde se vit entre parenthèses et l’haletante inaction entre quatre murs. C’est arrivé près de chez vous : oui, à la cave. Personnages empêchés, digressions savantes ou idiotes, adresses au lecteur, sautes de ton et d’humeur, on retrouve dans Comédie en sous-sol les ingrédients qui constituaient le sel de son précédent roman Fièvre de cheval, mais en pire. Jusqu’au deus ex machina de la chute, lorsque la cave se rebiffe. Jean-Christophe Vitalon a cherché asile dans un sous-sol. On y trouve normalement la paix et le calme. Pas au 2, allée Jean-Bart, dans cette bonne ville de Nantes où, d’ordinaire, il ne se passe pas grand-chose. Enfin si, quand même parfois…