Certes, l’association À la criée utilise l’étage mais aussi l’escalier, les toilettes, le rez-de-chaussée, le comptoir, la librairie (celle sur l’étagère derrière le comptoir), la salle de concert (et de bal), le salon télé, le magasin (sous l’escalier), l’espace de coworking et des nouvelles technologies (à l’américaine, sur la gauche en entrant), la terrasse de La Perle, la rue de La Perle, etc. et parfois même la friterie voisine (celle sur la gauche en entrant).
Ce qui nous intéresse, dans cette sorte de vaste burlingue précédé d’un colimaçon mouvant, au-delà des magnifiques fenêtres s’ouvrant sur la dense vie urbaine nantaise (la rue du Port-au-Vin quand même, ce n’est pas rien, presque un demi-Anthropocène), au-delà d’un mobilier étonnant issu d’une dérive du mouvement moderne et dont Georges Perec aurait fait un roman et que nous souhaitons offrir, maintenant que nous nous en séparons, à Nantes Métropole pour y tenir leurs conciliabules secrets, bref ce que nous trouvons dans ces indénombrables m² ensoleillés, c’est un lieu pour composer des mondes, comme dit Philippe Descola quand il a un peu bu. Et nous voyons que Laurent M. (préservons son anonymat en ces temps de reconnaissance faciale masquée) transitionne dur en ce moment et que cette transition est révolutionnaire tout comme cet étage qui a accueilli, frisant l’illégalité manifeste, jusqu’au Modem, troupe secrète de lansquenets vigoureux attelés au combat contre la métropolisation insincère, et tant d’autres dont l’alcool et le printemps nous font présentement oublier le nom.
Cette composition des mondes, ce repeuplement de notre cosmos, a besoin de l’étage de La Perle, c’est évident, Félix Guattari l’avait écrit en 1989 (Lolo était alors arrière-gauche dans le Pays de Retz) : il y a trois écologies, celle du rez-de-chaussée, celle de l’étage, celle de l’escalier, celle de la rue, celle de la cave, celle du comptoir, celle de la radio, de la tireuse et du percolateur, celle des accolades, celle des fulgurances et des projets, des jours tristes et de la joie collective de la puissance spinoziste pour toutes et tous, celle de cheval, céleri rémoulade, scélérats arrière !, etc. On vous embrasse, et limite, on se jette du premier étage.